La magie opère parfois. Encore faut-il prendre le temps de la chercher et de la débusquer.

Les limbes de son naufrage le conduiraient loin mais l’immensité  du monde pouvait-elle apporter des réponses aux questions les plus absconses?

Cette farce que constituait la vie lui semblait toujours plus risible à mesure qu’il avançait et son appartenance à l’espèce humaine le laissait davantage perplexe mais comment aurait-il pu en être  autrement ?

Il avait envie de VOIR.  Enfin, et pour de vrai, voir.

Son existence, qui lui paraissait de plus en plus fragile, semblait ne tenir qu’à un minuscule fil. Il ouvrit les yeux et l’horizon qui pouvait être facétieux joua avec lui et fit bouger les lignes.

Alors il eut envie, une première fois, une dernière fois, de savourer des yeux, de regarder, respirer, sentir, goûter et toucher tout ce qui l’avait toujours intrigué et questionné.

Il traversa les nuages, effleura l’impalpable et bondit hors de ces carcans qui, il se l’était promis, jamais ne dirigeraient sa vie.

Maintenant qu’il observait l’invisible il sentit les forces rouler en lui en un vacarme tonitruant et triomphant.

Il frôla le vent, contempla le soleil qui plongeait ses rayons éthérés et bienveillants sur la Terre.

Il pouvait presque entendre crépiter sous la lumière ce terrain qu’il avait appris à connaître et à apprivoiser. Cette Terre qui était sienne et lui était devenue tellement familière…que sa chaleur berçait et que sa dureté n’effrayait plus.

Telle une fleur qui éclot en son sein, il avait appris à se déployer petit à petit, souffle par souffle, cherchant sa force, s’appuyant sur son énergie.

Il s’était  senti privilégié : point d’un tout, murmure d’un chant, souffle d’une seule et grande inspiration.

Maintenant, chacune des cellules de son être vacillait et vibrait à l’unisson à  chaque mouvement qui le rapprochait de cette puissance étrange  qu’il voyait avec plaisir grandir et prospérer  chaque jour.

Quelle multitude de recoins plus ou moins accessibles recelaient des visions fantasques et des énergies primitives ?

Comme pour clore de la plus abrupte des manières cette nébuleuse, la douleur qui l’occupait depuis tant d’années s’engouffra un peu plus profondément. Sa poitrine se souleva.

Enfin, il ouvrit les yeux et comprit.